Remise en route du moteur
 


Le moteur ne "présente" pas bien, c'est le moins que l'on puisse dire ...

Il a été annoncé bloqué, diagnostic faisant suite à la visite d'un mécanicien, ami de l'ancien propriétaire.
La seule intervention que l'on puisse constater est la dépose de la courroie, le reste étant complet, comme l'ensemble de la voiture.

Un premier coup d'oeil permet aussi de déceler le remplacement, dans le passé, de la vanne de chauffage par un modèle non-conforme, la modification du système de freinage (voir freins) et les dégâts provoqués par, au moins, un rongeur qui avait besoin de s'émousser les dents sur du cuivre (fils de bougie, fil de batterie, fil d'avertisseur sonore, etc...).

Le reste du compartiment semble d'origine, comme en témoigne les différentes couleurs de certains accessoires (orange pour le moteur à l'exception du reniflard d'huile qui est noir et compas de capot gris, détails quasiment oubliés aujourd'hui, etc...) ou les références inscrites manuellement sur une traverse.

Nous décidons, en toute logique, de vérifier le blocage du moteur avant d'en entreprendre le démontage.

Afin de travailler plus confortablement, nous déposons le capot sans aucune difficulté. En effet, malgré un montage datant de près de cinquante ans, et une corrosion superficielle, les vis ne sont ni bloquées, ni même rouillées sur le filetage, phénomène qui se reproduira tout au long du démontage; bien des européennes pourraient en prendre de la graine...

Le démontage des bougies, utile pour ne pas avoir à lutter contre les compressions et permettant d'injecter un lubrifiant, nous apprend que le deuxième cylindre du rang de gauche est resté avec une soupape ouverte, sa bougie étant très fortement rouillée; un cylindre dont l'état devra être surveillée attentivement!

Au moment de faire tourner le vilebrequin, nous avons une surprise; la vis centrale de vilebrequin est introuvable!
Nous avons beau essayé à tâton, l'endroit étant caché à nos yeux, notre recherche reste vaine!

A l'aide d'un petit miroir, nous observons malheureusement ce qui ressemble à une vis cassée dans le filetage du vilebrequin...

Sauf à essayer avec une clef à chaîne sur le damper, il n'y a rien à tenter de ce côté du moteur et nous préférons atteindre la couronne dentée pour notre essai. Cela induit la dépose du démarreur qui n'est pas très accessible, derrière un gros reniflard d'huile...

Une fois cela fait (heureusement la boulonnerie est en excellent état, probablement jamais démontée), il est tentant de le vérifier pour éviter une seconde dépose laborieuse!

L'intérieur est abondamment couvert de poussières de "charbons" (expression usurpée, ceux-ci étant en cuivre) et les contacts de solénoïde légèrement oxydés mais l'état général reste excellent.
L'induit n'est pas creusé et les "charbons" d'origine seront même conservés, malgré le jeu de remplacement acheté à très bon prix (5 euros les quatre, chez Villiers Pièces Auto).

Une fois toutes les pièces nettoyées et traitées chimiquement (acide et phosphatation), le démarreur est graissé, remonté et testé.


Il est maintenant temps d'essayer de forcer sur la couronne dentée du volant moteur à l'aide d'un gros tournevis; à notre grande surprise, celle-ci tourne sans aucun problème, révélant un moteur absolument pas bloqué!

Il s'agit d'une très bonne nouvelle qui va modifier notre approche.
Il est maintenant tentant de remonter le démarreur et d'essayer de faire tourner le moteur (sans allumage) pour voir s'il n'y a pas d'obstacle à un redémarrage, plutôt que de déposer celui-ci.

Entre temps, deuxième bonne surprise, la consultation du "shop manuel" nous informe qu'il est normal de ne pas avoir trouvé la vis du vilebrequin car... il n'y en a pas!
L'expérience ne cesse de croître, toute comme notre modestie...

Nous continuons la remise en route en versant de l'huile par les trous de bougies puis, après avoir vérifié la présence et le niveau d'huile dans le carter, nous faisons tourner le moteur au démarreur une dizaine de tours (n'ayant pas la clef de la voiture, nous relions directement la batterie à l'excitation du démarreur), tour par tour pour ne pas faire chauffer celui-ci.

Le même proccessus est alors effectué avec du Redex à la place de l'huile, produit plus dispersant qui attaque l'éventuelle rouille, la calamine et les vernis déposés, sur les soupapes et les calottes de pistons mais aussi jusque dans les gorges des segments, rétablissant ainsi des compressions un peu justes dues à d'éventuels segments collés...

Le moteur reçoit un jeu de bougies neuves.
Les fils de bougie ont été grigotés par un rongeur et seuls quelques embouts subsistent encore sur les bougies.
Le faisceau d'allumage est provisoirement refait à l'aide de fil vendu au mètre chez Villiers Pièces Auto. Provisoirement, car nous remplacerons les embouts standarts par des modèles conformes à l'origine dès que nous le pourrons.

L'allumeur est ouvert et les vis platinées nettoyées et réglées.

La présence de l'huile est vérifiée et un entonnoir d'essence est relié au carburateur pour un premier essai de démarrage; essai qui s'avère négatif, faute d'allumage.

Après une recherche à tâtons, nous comprenons que la faute en incombait au condensateur de l'allumeur (celui dans l'allumeur, pas celui, extérieur, destiné à filtrer les parasites pour la radio...).

Nouvel essai, nouvel échec car le carburateur semble inerte, en particulier du côté de sa pompe de reprise. Le démontage du carburateur nous apporte quelques enseignements; si l'intérieur est flambant neuf et ne comprend aucune impureté, la coupelle en caoutchouc de la pompe de reprise a durcie et s'est fendue, anihillant cet élément.
Cela nous montre aussi les limites des ingénieurs de Chevrolet qui ont conçu des goujons de carburateurs traversant un passage d'eau; rognés par la rouille jusqu'à ne plus mesurer qu'un millimètre de diamètre, ils ont cédé sans le moindre effort au desserage...

En attendant la réfection du carburateur, sa pompe de reprise est remplacée par du "Start Pilot" pour un troisième essai laborieux mais couronné de succès!
De biens grands mots pour un démarrage qui nous laisse pour le moins inquiets, tellement le tintamare qui s'échappe du moteur est peu rassurant!
Sans même parler des morceaux de calamines rougoyants qui s'échappent du carburateur, le bruit de la distribution ressemble fortement à un concert de casseroles...

Un démontage des cache-culbuteurs nous permet de voir plusieurs culbuteurs pivotant non-seulement verticalement mais aussi horizontalement, manquer de s'échapper de peu de leur soupape!
La faute en incombe à certaines queues de soupapes complètement matées.


La soupape de droite est complétement matée



Outre le changement de ces soupapes, il faudra comprendre ce qui s'est passé; manque d'huile ou jeu plus qu'excessif aux culbuteurs?

En tout cas, cela implique l'étape, et l'article suivant, le démontage et l'ouverture du moteur...

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