Peinture de l'aluminium

Nous abordons ici un domaine à la fois complexe et simple.

Simple car il faut avoir en tête quelques faits pour relativiser les dommages de la corrosion sur une coque en aluminium.
La région qui possède le plus de bateau en aluminium au monde est l'Alaska où plus de 60% des coques sont métalliques; plus de la moitiée ne reçoivent aucun traitement de surface et on y note très peu de corrosion!
Paradoxale? Pas tant que cela si l'on se souvient que les coques dites en aluminium ne sont pas en aluminium mais en duralumin, nettement moins sensible à la corrosion...
On retrouve également cette particularité en Australie.
Vu le nombre de bateaux en cause, on peut donc supposer qu'un bateau français ne subira pas davantage de détérioration.
L'agression ne provient donc pas essentiellement du milieu marin en lui-même et des couples galvaniques induits mais d'une éventuelle mauvaise isolation du système électrique du bateau; un point très important sur lequel nous reviendrons prochainement.

Tout cela est très intéressant mais, perfectionnistes, nous voulons néanmoins protéger notre coque de la meilleure façon possible.
Cotoyant le monde aéronautique, nous avons cherché à savoir quelles solutions y étaient employées...

Les systèmes de peintures aéronautiques pour l’extérieur des avions les plus utilisés sont des systèmes tri couches :

WASH PRIMER (Impression phosphatante composée d’une résine de base butyral (à catalyse) en milieu acide phosphorique à base de chromate de zinc pour le traitement anti -corrosion. Fonctions principales : Favorise l’adhérence du système sur aluminium et traite contre la corrosion filiforme) +

PRIMAIRE POLYURETHANNE (Primaire époxy uréthanne. La réaction chimique est de type polyuréthanne. Utilisé en Europe, recouvre un wash primer plus facilement décapable) +

FINITION

Ce choix est utilisé principalement sur Airbus.

ou

ALODINE (chromatation par immersion de 45 secondes à 3 minutes qui dépose une fine couche protectrice et adhérente. Une alodine est à recouvrir dans les 24 heures) +

PRIMAIRE EPOXY (primaire époxy "américain". Il s’agit d’une réaction époxy/ amine ou amide. Cette philosophie américaine recouvre généralement une ALODINE et est plus difficilement décapable mais offre un meilleur traitement de la corrosion ) +

FINITION

Ce système répond aux spécifications des constructeurs américains Boeing ou Mac Donnell Douglas

Les principales caractéristiques demandées par le milieu aéronautique sont ; protection anticorrosion de l’aéronef, grande flexibilité, résistance aux fluides hydrauliques, haute brillance et tenue aux U.V. , ce qui nous convient bien.

Ces deux systèmes concernent l'extérieur des avions, qui est régulièrement décapé lors des grandes visites.

A priori, le système américain présente une meilleure protection anti-corrosion que le système européen.
Cependant nous avons dû l'exclure car il est quasiment impossible à mettre en oeuvre sur une coque: l'Alodine doit être appliquée pendant 90 secondes seulement, avant rinçage complet, et nous ne connaissons aucun bain assez grand pour accueillir une coque de bateau (généralement, ils font environ deux mètres).
Passer l'Alodine à la main, sur une petite zone, avant de rincer, est matériellement impossible à l'intérieur de la coque ; avec la forme complexe, le rinçage et le séchage, il faudrait une centaine de passes qui prendraient plusieurs semaines.
Manque de chance, l'Alodine est à recouvrir dans les 24 heures...
Notons également qu'il existe maintenant des sortes de marqueurs Alodinés (TOUCH-N-PREP® ALODINE® 1132) qui ne nécessitent plus de rinçage; leurs prix extrêmement prohibitifs les cantonnent vraiment aux petites réparations aéronautiques!

En ce qui concerne la structure de l'avion elle-même, qui doit rester peinte pendant plus de trente ans sans opération majeure de maintenance, on utilise un système tri-couche entièrement epoxydique (Primaire époxydique, apprêt époxydique et finition époxydique) sur une OAC*.

Une fois encore cela n'est pas à notre portée (bain chimique) et c'est penauds, mais convaincus d'avoir tout essayé, que nous nous tournons vers les peintures nautiques spécifiques à l'aluminium.
Vous vous dîtes que nous aurions pu commencer par là, et vous avez raison, mais nous aimons bien être convaincus que nous faisons au mieux...

Les systèmes "Boeing" et "structures" étant impossibles à réaliser en totalité dans notre cas précis, nous avons cherché ce qui se rapprochait le plus possible d'un système "Airbus-Boeing" et nous avons trouvé des produits correspondants dans la gamme de peinture "International", filiale du groupe Akzo Nobel et leader mondial des peintures marines.

- Le Wash Primer correspond chez eux au primaire d'accrochage "Etch Primer" ave les mêmes princiapaux composants: acide phosphorique, oxyde de zinc (probablement du chromate, d'où la couleur jaune/ocre qui s'assombrit avec la réaction chimique) et butanone.

- Le primaire époxy-amine de Boeing est préféré au primaire époxy-polyuréthane d'Airbus.
Un produit similaire s'appelle Interprotect dans la gamme International.

- La couche de finition

A suivre...

*OAC , colmatée ou non.
Il s’agit d’un dépôt électrochimique contrôlé d’alumine de quelque microns. La surface ainsi protégée présente une excellente tenue à la corrosion ainsi qu’une bonne adhérence pour la peinture. Cette opération s’effectue dans un cycle de bains électrochimique sous une tension d’environ 20 V pendant 30 à 50 minutes. Pour conserver son effet l’ OAC doit être peinte dans les 10 heures.